
Les messages d’indignation inondent la toile suite à la mort tragique de Fella Borsali. Elle est morte, seule dans la rue, car n’ayant personne pour prendre soin d’elle. L’âge, le statut et le vécu de la défunte n’ont pas laissé indifférents des poètes qui ont tenu de lui rendre un dernier hommage…
La nouvelle de décès de Fella Borsali, une SDF morte de froid, a vite fait le tour de la planète ! La défunte a été vite identifiée et les informations la concernant ont été très partagées. Fella Borsali est titulaire d’un diplôme d’études supérieurs (DES) en biologie à l’université d’Annaba.
Entre 1985 et 1988, elle poursuivit son cursus à la prestigieuse université de la Sorbonne, en France, dans le cadre d’une bourse d’études de 3e cycle (doctorat). De retour en Algérie, elle a enseigné en tant que chargée de TD vacataire au sein de son université d’origine (Annaba).
Atteinte de troubles psychologiques, suite à une tragédie familiale où elle aurait perdu son mari et son fils, Mme Borsali n’a pas pu poursuivre son travail à l’université. Elle est contrainte de vivre dehors pour finir ses jours.
Fella Borsali, une SDF morte de froid
Malheureusement, Fella Borsali n’a pas pu résister au froid glacial. Les conditions météo de cette semaine ont fini par emporter l’universitaire de 69 ans. Contrainte de vivre dehors suite à ses troubles psychologiques, la vague de froid qu’a connu le pays avec les chutes de neige et de grêle a eu finalement raison d’elle.
La nouvelle du décès de Fella Borsali, une SDF morte de froid, a vite fait le tour de la planète ! La photo de sa dépouille mortelle, sur un trottoir en pleine centre-ville d’Annaba, n’a pas laissé insensibles les internautes. Sur les réseaux sociaux, les messages d’indignation affluent suite à ces images bouleversantes et désolantes.
“Hommage à Fella”
C’est le cas de l’écrivaine-poétesse franco-algérienne Lylia Nezar qui lui a dédié le poème “Hommage à Fella”. A travers la mort tragique de Fella, l’auteur du recueil de poésie “Eva-Naissance” pense à “toutes les personnes qui partent dans l’indifférence générale, victimes de nôtre inhumanité“, écrit-elle sur son compte Facebook.
Ô toi ma sœur
Tu es partie une nuit d’hiver
À côté du fameux Cours
Et ses nombreux lampadaires
Dans une nuit de froid polaireAh! il fait bon vivre à la Coquette
Quand au chaud, tu mènes
Une vie douillette
Protégé de la disette
Un toit solide sur la têteAh… Ils ont beaucoup prié
Tu sais
Les Hommes de Dieu
Pour un ciel pluvieux
Sourd et coléreux
Devant l’hypocrisie des gueuxComme tu as du avoir
Froid, ma sœur
Devant l’indifférence
De tous ces cœurs
L’absence de compassion
De ceux qui aujourd’hui,
Te pleurentUne femme dans la rue
C’est une société qui détruit
Ses abscisses et ses repères
Un homme, un enfant
Dans la nuit
Et c’est l’humanité délétèreAh, ils sont nombreux
À te pleurer, aujourd’hui
Ça fait bien, de montrer
Son indignation et puis
Demain,tu tombes
Dans l’oubli et la résignationAu pays du soleil
Certains meurent encore
De froid
Ça fait pleurer dans les chaumières
Et ça suscite l’effroiMais combien sont -elles?
Des Fella maltraitées
Jetées dans les ruelles
Combien de lui et d’elles ?
Quand chaque passant
Détourne les yeux
Pour snober ces malheureuxC’est que la pauvreté est contagieuse
Quand on a pris l’habitude de se repaître
Et puis la misère fait peur
Le dénouement est traître
Tes amis s’en vont bien loin
Mais font des prières aux vêpresAh au pays de Cocagne
C’est l’Eden des nantis
Mais, pour les autres
Comme Fella
Femme seule, divorcée, répudiée
Homme sans le sou, sans soutien
C’est l’enfer, c’est le bagneEt par une nuit froide
D’hiver
Sous un ciel noir et sans étoiles
La mort sournoise a fauché
Ta solitude, ta belle âme
Dans un assaut fatalDors en paix, ma sœur
Nous, nous continuerons à chanter
Que voir le cimetière de Bône
Envie de mourir y te donne
Mais au chaud, bien entourés
Auprès de ceux qu’on aime
Sinon il y a maldonne
“J’en ris” : se railler de l’humanité !
De son côté, le poète Achouri Atef s’est exprimé lui a aussi en quelques vers pour exprimer toute son indignation face à cette tragédie humaine. “J’en ris”, titre de son poème poignant, en hommage à Fella Borsali, “docteur en biologie, âgée de 69 ans, SDF atteinte de troubles psychologiques, morte de froid hier le 23 janvier 2023, en plein centre ville d’Annaba, devant des témoins passifs”, note-t-il dans son groupe “Atelier Ecriture et Poésie”.
Je me poile à gorge déployée
Lorsque l’on parle d’humanité ;
Je ris face à votre loyauté
Envers le Seigneur, quel plaidoyer !Elle arpentait, sous vos yeux fermés,
Ce boulevard du matin au soir,
Pour mourir seule sur le trottoir,
De froid, pieds nus, en jupe d’été.Soixante-neuf ans, l’esprit savant,
Diplômée à Paris, professeur,
Et puis la folie sans confesseur,
Dans l’errance, le mépris des gens.Les étudiants la connaissaient,
Les voisins et tous les commerçants,
Et sous les orages menaçants,
Ils se disaient navrés mais gloussaient.A mon tour de rire en vous crachant
Quelques flèches tirées par mon cœur :
Elle est morte et elle était docteur,
Mais vous, que serez-vous en mourant ?Hier, ce n’était pas tes funérailles,
Ni ton corps marbré dans ce cercueil,
C’était ta science sans orgueil,
Et leur humanité que je raille.
Un poème sans titre !
Pour sa part, la romancière et poétesse Fella Andalousia, terriblement triste a tenu de rendre l’ultime hommage à la défunte avec un poème sans titre. L’auteur du roman “Kamila, un volcan de sentiments” n’a pas pu cacher son amertume.
“Révoltée émue de voir la fin tragique de cette dame docteur“, confie-t-elle suite à la disparition de cette femme qui s’est sacrifiée pour son pays. “Rebi yerehmek inchaalah madame, professeur, j’ai mal au cœur. Terriblement triste Fella“. Avec ces mots que la sensible poétesse a signé son poème…
J’ai vu défiler sur la toile,
l’image d’un professeur morte de froid,
sur le trottoir.
Je n’ai pas pu écrire un mot,
Je suis consternée,
Personne n’a pu la sauver,
De sa présumée folie.Personne ne l’a couverte en exposant son corps frêle et froid.
Sommes nous devenus aussi détachés?
Avons nous perdu notre humanité?
Je ne suis pas triste pour elle,Cette dame, ce digne professeur,
Qui a donné sa vie pour son pays,
Qui a enseigné pour se retrouver seule dans la rue, un soir et mourir de froid dans un pays qui vante sa foi.
Elle est allée vers un monde meilleur,
Ou la lumière sera sa demeure éternelle, loin de cette cruauté.
Fella Borsali a tout donné
Fella Andalousia a préféré ne pas mettre de titre car “un titre aurait été une indélicatesse de ma part envers son âme, son dévouement à son travail“, dit-elle à propos de ses quelques mots qu’elle déclamera à la première occasion en hommage au professeur qui selon elle “a tout donné à perdre sa raison” ; puis au retour… rien !
Cette amère réalité est très partagée sur les réseaux sociaux par les algériens d’ici et d’ailleurs. Beaucoup d’intervenants ont en effet regretté cette triste fin d’une brave femme algérienne “qui a laissé tomber un avenir meilleur pour donner un meilleur avenir aux générations de demain” ; mais en vain !
Je ne vois pas pk vous faites autant de bruit ça arrive qu’il y ait des morts de SDF en Algérie comme ailleurs, d’autant plus que cette pauvre femme était atteinte d e troubles psychologiques , ce genres de personnes refusent de rester chez eux donc c’est le devoir des familles de les assumer, de les surveiller, de les protéger, , puisqu’ils n’ont pas pu le faire, ils auraient dut demander à
l’interner. L’État ne peut pas être au courant de chaque cas à part. Allah yerhamha wé wasse3 3liha