avril 25, 2024
Accueil » Le poète Said Fellag, un modèle de persévérance

Tout poète, digne de ce nom, naît et vit avec son talent jusqu’au dernier souffle. C’est le cas de Said Fellag qui n’a jamais cessé de taquiner sa muse. Au lieu de se ranger dans l’oisiveté, une fois à la retraite, il a choisi la noble activité de donner tout son temps à la poésie, en particulier et à l’écriture, en général. Une telle persévérance mérite tous les respects.

C’est en 1951, à l’époque où, le colonialisme le décrétant, la misère était une norme chez nous, que l’auteur, Said Fellag, vit le jour à Ait-Illoul, ce village de la commune d’Azeffoun, qui surplombe les plaines agricoles de M’Lata et la mer qui les jouxte.

Said Fellag a commencé à écrire ses premiers poèmes à l’âge précoce, 12 ou 13 ans, mais sans les garder. Ce n’est qu’en 1969, à l’âge de 18 ans, qu’il s’est mis à les sauvegarder en les transcrivant dans les blocs notes de l’époque, tout en gardant l’espoir de les partager, un jour, avec les amoureux du verbe.

En effet, même pris par son activité professionnelle au sud du pays, il n’a jamais cessé de taquiner sa muse. Il tenait tant à son objectif de publier sa poésie, une fois sa retraite acquise.

Réalité et rêve

Liant la réalité au rêve, c’est 2010 qu’il a décidé de s’introduire dans le terrain de la poésie d’une manière sérieuse et concrète, en participant, pour la première fois à un concours de poésie à Aït Smail W. de Béjaïa, organisé par l’association culturelle “Adrar n fad”. “Cette première sortie sur le terrain, m’a ouvert les yeux, et m’a tracé le chemin de la poésie, en rencontrant d’autres auteurs du domaine”, disait-il.

Ensuite, pour perfectionner son écriture, il a adhéré à l’atelier poétique de la maison de la culture «  Mouloud Mammeri »  de Tizi-ouzou qu’il a fréquenté durant trois années. Faire le trajet qui sépare ce lieu de son lieu de résidence, Azeffoun, durant toute cette période et à l’âge de retraite dénote tout l’amour qu’il a pour la poésie.

12 prix en 30 festivals et concours de poésie

Depuis son entrée dans le champ poétique à ce jour, en participant à 30 festivals et concours de poésie à l’échelle nationale, il a obtenu douze prix, dont quatre fois comme lauréat du premier prix. Actuellement, vu son âge avancé, il compte ne plus participer aux concours de poésie.

Concernant l’édition, c’est en 2012 qu’il a publié son premier recueil de poésie intitulé « Zrureq » (Lampyre), là où il a rassemblé quelques poèmes de sa jeunesse et ceux qu’il a écrits depuis cet âge jusqu’à sa retraite.

En 2015, il publia son deuxième recueil en bilingue (kabyle/français) « Ger Tayest d usenyif » (Entre le pessimisme et l’optimisme). En 2020, il donna naissance à un autre recueil de poésie, qu’il a intitulé « Taḥellufit » (Cochonnerie). Et, en 2022, il opta pour la publication d’un recueil de douze contes, dont quatre lui sont racontés par sa mère, en bilingue (kabyle/français) sous le titre de « Agerruj yefren » (Trésor caché).

Entre le classique et le contemporain moderne

Actuellement, il a un recueil de vingt-cinq poèmes «Tafsut n ugdud » (Le printemps du peuple) en gestation, qu’il a déposé à l’ONDA, en attendant de choisir la maison d’édition qui lui donnera naissance. Et toujours fertile, son imagination, animée par sa muse, continue à produire d’autres métaphores qu’il partagera avec ses lecteurs, une toute autre recette nécessaire est prête.

Techniquement parlant, dit-il, la longueur de mes poèmes varie, entre 3 à 15 strophes par poème. “Chaque strophe se compose, en général, de 06 à 08 vers et dans de rares cas de 09 à 12 vers, selon la forme choisie. Quant à la nature de ma poésie, elle varie entre le classique et le contemporain moderne. J’essaie de faire de mon mieux.“, précise-t-il

Force et propreté du verbe

En composant sa poésie, Said Fellag s’inspire des temps anciens tout en les imprégnant des nouveautés actuelles. Ses vers sont pleins de musicalité que savourent les oreilles. Concernant, ses thèmes, si variés, il s’inspire de la réalité sociale et l’environnement qui l’entoure. Pour sauver la langue kabyle de l’oubli, il aime employer les mots anciens dont on s’en sert rarement actuellement. Sa poésie tire sa valeur de la beauté, la force et la propreté de son verbe.

Outre la publication de recueils et la participation aux différents festivals et concours, en généreux et passionné de la poésie, il animait un atelier de poésie au centre culturel Tahar Djaout d’Azeffoun. Il tient à transmettre aux poètes  locaux, hommes et femmes, ce qu’il a butiné pendant trois ans dans l’atelier poétique de la maison de culture «  Mouloud Mammeri » de Tizi-Ouzou, en 2021, alors que la pandémie du Covid 19 imposait ses restrictions.

Une persévérance qui mérite tous les respects

Malheureusement, au moment où il pensait améliorer cette noble activité, en se libérant des exigences de ce fâcheux virus, une décision administrative le freina dans son élan en affectant le local où s’animait l’atelier poétique à une autre fonction. Néanmoins, comptant sur les promesses des élus locaux, il ne perd pas l’espoir de reprendre son atelier et redonner à la culture ses lettres de noblesse au niveau de cette contrée qui a donné tant d’artistes.

Au lieu de se ranger dans l’oisiveté, après sa retraite, Said Fellag, comme il l’a toujours souhaité, a choisi la noble activité de donner tout son temps à la poésie, en particulier et à l’écriture, en général. Une telle persévérance mérite tous les respects.

Annaris Arezki

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