
Dans son roman “Le retour d’Ibn Toumert”, Slimane Saadoun interroge l’histoire par des questionnements sur l’identité, la politique et la femme. La réponse vient comme salut de cette dernière qui aide le personnage principal, un jeune, à trouver des réponses à ses questions suite à la levée du voile sur son mystère…
Dans “Le retour d’Ibn Toumert” (Anep, 2017), l’auteur, s’inspirant de sa vie quotidienne, de son entourage et de la situation du pays, survole le totalitarisme théocratique, de la démocratie, de l’identité et de la condition de la femme. Anwa, le personnage principal du roman, enfant recueilli devenu jeune homme, poursuit en fait ces trois quêtes.
Ces dernières portent sur son identité personnelle, son identité authentique de son pays et enfin sur une réponse au mystère de la femme, de son âme et de son corps. Trois questionnements découlant de la nature du régime théocratique totalitaire qui inhibe les individus.
L’identité, l’histoire de son pays et la femme
La première est celle de son identité personnelle, de ses origines, il veut savoir qui sont ses parents, ce qu’ils sont devenus. La deuxième quête se rapporte à son pays. Il veut connaître l’histoire de son pays dont le contenu est falsifié, faussé, malmené, travesti. Les personnages historiques mis en avant ne représentent ni modèle ni repère pour la jeunesse de son pays, un pays dont on veut même travestir la géographie, puisqu’on veut le détacher de son emplacement géographique naturel pour l’ancrer à un autre continent…
La troisième quête concerne le mystère de la femme. Le jeune homme a vécu dans une société où les filles et les garçons sont séparés dès l’age de 6 ans, dans laquelle les hommes et les femmes ne se connaissent pas, ne se voient pas. Le jeune homme veut savoir ce qu’est une femme, en quoi elle est différente de l’homme, pourquoi elle représente un danger pour l’homme selon ce qu’on lui apprend.
Dénoncer l’intégrisme et l’islamisme
Pour Slimane Saadoun l’histoire est prétexte à dénoncer l’intégrisme et l’islamisme qui veulent régenter la société, imposer leur mode de vie et surtout à renvoyer la femme à ses casseroles. Ibn Toumert, faut-il le signaler, n’est pas un personnage du roman. L’homme n’intéresse pas l’auteur du roman, mais plutôt les méthodes qu’il a utilisées pour combattre et faire chuter l’empire Almoravide.
Il a voulu établir des analogies ou des parallèles entre ses méthodes et celles des islamistes. En effet, Ibn Toumert était connu pour son rigorisme et son intransigeance, d’où son surnom d’Asafu (le tison). Le refus d’admettre une interprétation du texte coranique autre que la leur ; le recours à la violence pour imposer leurs idées et comme moyen d’accès au pouvoir et la haine et le mépris des femmes sont leurs points communs !
Les rencontres d’Anwa
La délation fait rage ; la peur, la terreur et la suspicion s’installent. L’amour est un crime. Tout est codifié dans la vie des gens : comment s’habiller, manger, parler, marcher, faire l’amour… Et paradoxalement, c’est la rencontre d’Anwa avec deux femmes, Nouara et Assia, qui va l’aider à trouver des réponses à ses trois quêtes.
Nouara mariée à un homme brutal et qui la considère comme son bien, sa propriété. Assia, jeune fille rebelle qui a pour modèle Rabia le Adawia. Elles aideront Anwa à découvrir la vérité sur ses parents, puis sur son pays et enfin à lever le voile sur le mystère de la femme à travers sa relation avec elles. En quelque sorte, la femme représente le secours, le salut…
« Le retour d’Ibn Toumert ». Slimane Saadoun. Editions Anep. 2017.