
Les hommages à Mouloud Mammeri se multiplient. Lors de la 3e édition du salon du livre qui porte son nom, l’imminent intellectuel natif d’At Yanni a eu droit à un énième hommage hors pair : son œuvre monumentale est désormais portée par un olivier !
Chez les kabyles, et dans l’espace méditerranéen, l’olivier est fondamental et il est élevé au rang de légende et de mythe. C’est un élément vivace dans leurs mentalités et représentations. “Sec et noueux comme l’olivier“, c’est ainsi que le caractère du paysan est souvent défini !
Le jeune Farid Haouche a choisi un arbre pour rendre hommage à l’Amusnaw. Rencontré lors de la 3e édition du salon du livre d’At Yanni (27-29 avril 2023), qui porte le nom de Mouloud Mammeri, il nous fait découvrir son olivier littéraire qu’il a conçu pour faire connaitre son travail intellectuel.
“Dda Lmulud est un olivier”
“Pour moi, Dda Lmulud est un olivier. Il symbolise la paix, la résistance et la persévérance dans tout ce qu’il a fait“, nous dira Farid à propos de son choix porté sur cet arbre symbole. Pour concilier son oeuvre avec l’un des symboles de sa région, tous les titres d’ouvrages de Mammeri sont en effet exposés sur des petites branches d’un olivier.
“L’olivier, comme nous, aime les joies profondes, celles qui vont par-delà la surface des faux-semblants et des bonheurs d’apparat. Comme nous, il répugne à la facilité. Contre toute logique, c’est en hiver qu’il porte ses fruits, quand la froidure condamne à mort tous les autres arbres”, Mouloud Mammeri.
Des étiquettes en forex perchées sur les feuilles à l’aide du fil de pèche revisitent le parcours littéraire de l’auteur de “La colline oubliée”. Outre ce dernier, on y trouve une longue liste de livres écrits par celui que la génération actuelle considère comme le précurseur de la renaissance identitaire et linguistique amazighes.
Commémoration de la disparition de l’Amusnaw
“En tant que citoyen d’At Yanni, je me sens redevable à cet immense savant. Il a écrit sur l’olivier, il a rendu hommage à cet arbre mythique. Alors, à mon tour, j’ai choisi l’olivier pour lui rendre hommage à ma manière“, nous confie Farid sur son travail qu’il compte peaufiner encore.
C’est à l’occasion du 33e de la commémoration de la disparition de l’Amusnaw que le jeune de 38 ans a eu l’idée de cette œuvre d’art. “C’est par un devoir de conscience, un devoir connaissance, que j’ai fait l’hommage à cet homme qui a milité par sa plume pour notre identité, et aussi, par sa sagesse et sa tolérance”, dira-t-il.
Farid et “son olivier”
Le mérite de Farid est que, grâce à “son olivier”, il a pu éclairer les lecteurs sur l’ensemble de ce que le digne fils d’At Yanni a écrit. “Beaucoup de personnes découvrent tout ce que Dda Lmulud a fait. Certains ne savent pas en effet qu’il a écrit un dictionnaire, des nouvelles, du théâtre…“, nous a-t-il témoigné.
Il ne compte pas s’arrêter là et veut faire impliquer les jeunes et les moins jeunes, dans les écoles et les universités surtout. “Mon objectif est de rendre plus accessible la bibliographie de Mouloud Mammeri auprès des jeunes, écoliers, étudiants, …etc. C’est important pour moi de vulgariser son oeuvre monumentale“, nous a-t-il fait savoir.