
L’université est l’institution qui mérite le plus de respect. Elle est source de savoir. Comme bastion de la pensée, elle est la locomotive qui guide la société vers le développement ; sa banalisation produit le contraire…
Tout le monde bénéficie des bienfaits de l’université. De celui qui ignore son existence (les animaux compris) à celui qui la régit. Elle représente le système nerveux du peuple, dont les différentes branches du savoir sont des neurones et ceux qui y butinent (directement ou indirectement) sont des axones.
Quelque soit le niveau de l’enseignement, l’université ne doit jamais être diabolisée, mais plutôt, si j’ose dire, être “angélisée”. Qui ne la respecte pas s’exclut du rang de l’humanité. Son principe reste toujours fidèle à la cause de sa création. La raison de son existence est toujours parfaite même si ; parfois, elle accueille des imparfaits (la fleur n’est pas l’apanage des abeilles).
Un savoir humanisé
Autant que la naissance est, généralement, l’issue de toute gestation, l’objectif de tout nouveau né humain doit être l’accès à l’université. Le savoir est aussi nécessaire, et même vital, que l’oxygène qu’on respire. Seulement quand on en manque, l’asphyxie n’est pas aussi subite. Elle arrive en retard, mais plus dramatique. L’individu devient un outil entre les mains d’une science sans foi.
« Il faut tout un village pour élever un enfant », disait Hilary Clinton dans son ouvrage. Moi, je dirais, tout en allant dans le même sens, il faut toute une nation pour protéger le savoir. Un savoir humanisé. Qui permet à chacun de projeter ses besoins sur autrui et les douleurs d’autrui sur soi même. Un savoir qui contrecarre l’hégémonie au lieu de la soutenir.
Le savoir est vaste
Le savoir est vaste. Plus vaste que la science. Cette dernière, malgré ses multiples composants, n’est qu’un élément de cet infini océan. Quelque soit le degré d’érudition de chacun de nous, il reste toujours infime. Seule la symbiose peut améliorer son taux, sans l’approcher du parfait qui s’éloigne, au fur et à mesure, qu’on avance vers lui.
Autant que les axones qui relient les neurones dés qu’ils se mettent à fonctionner, le rayon du savoir augmente en longueur proportionnellement au taux de participation des êtres humains. Le taux d’exploitation du cerveau d’Albert Einstein, selon les recherches, est très infime. Qu’en serait-il, s’il l’avait exploité davantage ? Et qu’en serait-il, si toute l’humanité avait fait de même ?
Paresse intellectuelle
La surface du savoir dépasserait celle qui est la nôtre actuellement. Et elle demandera toujours un travail supplémentaire. Tout le monde aurait une occupation saine et positive. Mais, avouons le bien, nous sommes très peu nombreux à exploiter nos cerveaux. Nous sommes atteints de paresse intellectuelle. Nous consommons plus que nous produisons. Nous avons banalisé le savoir.
L’État doit agir pour lui redonner la place qui lui revient. Tout le monde parle des produits de la science, mais ils sont peu nombreux ceux qui sont attirés par la science. Acquérir est un verbe très conjugué. Il ne s’agit pas de l’acquisition scientifique, mais de l’argent nécessaire à l’obtention des produits créés par la science.
Le savoir est banalisé
Avoir de l’argent. En avoir beaucoup, quelque soit la manière. L’argent, qu’on qualifiait de nerf de guerre, est devenu un somnifère. Il empêche la raison de chercher après le savoir et encourage le corps à ne rien rater de ce que le savoir a créé. Le boulanger est mauvais, son pain est bon. L’arbre n’est plus un objectif, on vise d’abord le fruit. Le savoir est banalisé.
L’élève n’est plus motivé. La durée des études est assimilée à une perte de temps. Autant qu’elle est considérée la période du service national. Autant on a quitté l’école plus tôt, autant on a la chance de réussir. Réussir c’est avoir les poches pleines, quitte à ne rien avoir dans la tête. L’état n’a pas assez fait pour distinguer entre celui qui réussit ses études et celui qui échoue.
L’inverse de la logique
Au contraire la réalité du terrain montre l’inverse de la logique. Le parent n’a plus d’arguments pour convaincre son enfant à étudier. Fini le temps où le parent disait à son enfant : « étudie ou tu garderas les chèvres. ». Maintenant, même les universitaires en font autant. !
Un enfant, à qui on a demandé pourquoi il a quitté l’école pour vendre des cacahuètes et cigarettes dans les trottoirs, il a répondu : « A quoi sert de poursuivre les études alors que c’est moi qui donne l’argent de poche à mon grand frère, qui a terminé ses études d’ingénieur ? ». Une anecdote pleine de sens, autant que la réponse de l’enfant est pleine de philosophie qui peut servir de base à une étude.
Le savoir au dessus de tout
L’étude qui incombe aux gouvernants. Il est du devoir de l’état de trouver un moyen d’inciter ses gouvernés (enfants surtout) à placer le savoir au dessus de tout. Il doit créer une sorte d’allocation, proportionnelle à l’importance de son diplôme, à tout universitaire qui termine ses études, jusqu’à ce qu’il trouve du travail.
Il est illogique qu’après une longue durée d’études, l’étudiant se retrouve dans le même chantier à faire le même travail (de moindre importance même) que son camarade qui a déserté l’école, avant la fin du cycle primaire. C’est une insulte au savoir.
Ateliers de réflexion
Au lieu d’affecter les universitaires dans des postes ne nécessitant qu’un niveau élémentaire, n’est-il pas plus noble, plus respectueux et plus rentable de créer des ateliers de réflexion dans chaque wilaya , où se rencontreront des universitaires , avec leurs différentes spécialités.
Ce qui leur permettrait d’échanger leurs connaissances, poser des problèmes et chercher des solutions en se servant des théories acquises, dans les diverses spécialités, à l’université. Des ateliers qui pourraient alimenter les écoles, les centres de recherches et même les entreprises, en idées.
Renverser l’état actuel des choses
Une sorte de bureaux d’études pluridisciplinaires. Ainsi, l’universitaire se sentirait utile et respecté et ne disputerait pas la place qui revient à celui qui n’est doté d’aucune qualification. Il faut renverser l’état actuel des choses. Mettre l’argent au service du savoir au lieu du contraire.
« Pour acquérir le savoir, ne cesse jamais de questionner même si on te qualifie d’idiot ». Disait un hadith. Et le qualificatif d’idiot qui propulse vers la connaissance est beaucoup plus préférable que celui d’érudit qui stabilise dans l’ignorance….
Annaris Arezki
2 thoughts on “L’université, le cerveau et le cœur battant du peuple”