
Farida Sahoui, dans son nouveau livre “Tamazgha : Terre des nobles et des résistants“, revisite l’histoire de la Berberie avec fierté, sans complexe, pour remettre les pendules à l’heure. Sans langue de bois, l’auteure rappelle le rôle indéniable et la place indiscutable qu’ont les Amazighs dans l’espace méditerranéen…
“Celui qui ne connaît pas l’Antiquité, ne pourra sûrement pas connaître Tamazgha” ! C’est par cet extrait de la quatrième de couverture que Farida Sahoui invite le lecteur, et tous ceux qui l’ignoraient, que cette terre a toujours enfanté “des nobles et des résistants”, comme le sous-titre de son nouveau livre consacré à Tamazgha…
Sans complexe, comme réponse à ceux qui cherchent et se demandent encore d’où viennent les Berbères, Farida Sahoui rétorque : «Nous concernant, comme réponse, nous sommes d’ici, nés sur cette terre…». Son nouveau livre est en effet une réplique pour mettre les choses au clair concernant l’histoire, mais aussi l’avenir de la Berbérie.
Grandeur d’un peuple
Ecrit dans un style simple et accessible, “Tamazgha : Terre des nobles et des résistants” nous invite donc à la relecture d’une histoire plusieurs fois millénaire. Farida Sahoui nous fait voyager, en parcourant les quelques deux cent pages que compte cet essai, à travers des figures historiques et parle de la grandeur d’un peuple !
Pour développer ses idées et venir au bout de ses pensées, l’auteure divise son essai en petits chapitres qui se lisent comme des chroniques. Le lecteur y retrouvera des faits qui ont marqué l’histoire de l’Afrique du Nord et de la Méditerranée en traversant les moments de gloire de cette région, berceau de la civilisation et arène de guerres.
Esprit de révolte
De la naissance de Carthage à sa chute, en passant par la guerre de Numence, à la conquête islamique et la guerre de libération, la native d’Azazga (en Kabylie), nous parle de l’esprit de révolte omniprésent chez les autochtones, un caractère qui les a toujours animé dans leur lutte pour recouvrir leur liberté, protéger leur terre et leur… langue !
“Combien je suis heureuse et fière de faire partie d’une région berbère par excellence qui est la Kabylie où la population a rejoint l’élite dans la revendication de son identité, une région qui a payé un lourd tribut face à l’oppression du pouvoir central ! J’aurais souhaité que le reste de notre peuple fasse de même,de prendre en main sa culture et la valoriser. Ça viendra ou ça ne viendra pas ? Je n’en sais trop rien !”
“Ma langue”, est justement le titre du dernier chapitre. C’est une sorte de dialogue avec sa langue maternelle pour lui rendre hommage, la remercier et la féliciter pour tout ce qu’elle a enduré des siècles durant. Alors que toutes celles qu’elle avait côtoyé sont disparues, Tamazight a su résister et continue d’émerveiller le monde grâce à ses enfants.
Tamazgha, capitale de l’Humanisme !
Juba II, Massinissa, Jugurtha, Takfarinas, Hannibal, Koceila, Dihya, Ben M’hidi… et les autres ont tous eu droit de cité dans cet ouvrage à la dimension historique et identitaire. En citant les exploits des dignes enfants de la Berbérie, anciens ou récents, l’auteure élabore un lien entre le passé et le présent pour un avenir qui ne peut être que reluisant.
Ce lien entre le présent et le passé est ombilical entre le peuple et sa terre, il nourrit la trame de fond de cet essai historique. C’est un rappel, ou plutôt une affirmation comme quoi Tamazgha ne peut donner naissance qu’à des nobles et des résistants qui ont fait et font encore le bonheur de l’Humanité… Au point de soutenir qu’elle est la capitale de l’Humanisme !
Pour une nouvelle Numidie !
Pour Farida Sahoui, cette projection vers un avenir meilleur est permise et passe par la libération des jougs coloniaux, sous toutes leurs formes. La fameuse citation de Massinissa “l’Afrique aux africains” résonne encore chez l’auteure de “Jugurtha, Histoire d’un peuple” qui affirme, au passage, que l’Afrique a toujours son Nord…
C’est cet esprit de combat et de patriotisme de tous ces nobles et résistants qu’on retrouve au fil des pages. De la guerre contre Rome à celle contre la France, la fibre authentique de résistance est omniprésente à travers les siècles, chose que Farida Sahoui a tenu de souligner dans son livre et plaide pour une nouvelle Numidie !
Ecriture de l’histoire et sa réappropriation
Elle affirme par ailleurs que celui qui ne connaît pas l’Antiquité, ne pourra sûrement pas connaître Tamazgha. En effet, “de toute la Méditerranée, aucun État, aucune puissance, ne pouvait se constituer sans avoir recours à la puissance humaine berbère“, souligne-t-elle d’emblée avec fierté.
“Le sentiment de fierté domine mon existence du fait que je sois une femme berbère,dans mon vécu et dans mes lectures, mes sorties et mes différents contacts. Jamais je ne pourrai être mieux dans ma peau si ce n’était dans mon élément naturel : Tamazight !”
A travers son nouveau livre, Farida Sahoui, passionnée d’histoire et préoccupée par la question identitaire, poursuit sa quête d’une nouvelle approche pour l’écriture de l’histoire et sa réappropriation. Il vient ainsi couronner ses précédents ouvrages : “Les familles kabyles d’Algérie en Tunisie” (2017), “Jugurtha” en trois langues (2018-2019) et “Sur les traces des Kabyles exilés en Tunisie” (2021).
“TAMAZGHA : Terre des nobles et des résistants” – Farida SAHOUI. Talsa Editions. Essai. 2023. 196 p. 700 DA.