avril 26, 2024
Accueil » «Aḍu n maḥyaf» (Le vent ethnique), ou le retour d’Amulal

L’impossible ne s’imposant pas toujours, une autre circonstance, la rencontre avec un ami, libère son envie de reprendre son chemin artistique. L’artiste “Amulal”, Ali Kherbache de son vrai nom, revient avec son recueil de poésie «Aḍu n maḥyaf» (Le vent ethnique), kabyle/français…

Après avoir vécu une enfance très difficile, en perdant son paternel précocement, Ali Kherbache, les circonstances l’exigeant, alors qu’il n’avait pas encore la vingtaine, quitta le village pour rejoindre la capitale afin de pouvoir subvenir aux besoins de sa famille en y travaillant.

«A quelque chose le malheur étant bon», cet exode lui permit de découvrir ses dons, de poète, chanteur et artiste peintre, en fréquentant le milieu artistique après les heures de travail. Stoppé dans son élan par les conjonctures idéologiques, il a dû, à un moment, mettre son côté artistique dans le terroir de l’oubli.

L’âme, soucieuse, d’Ali Kherbache

Mais, l’impossible ne s’imposant pas toujours ! Une autre circonstance, la rencontre avec un ami, libère son envie de reprendre son chemin artistique, d’où la naissance de son recueil de poésie « Aḍu n maḥyaf » (Le vent ethnique), Kabyle/français, paru aux éditions Tamagit-Identité.

“Tout poète, pour convertir ses sensations en vers, est tributaire de sa sensibilité. Sensible, non seulement à ce qui touche directement sa petite personne, mais au milieu ambiant dans lequel il vit, aussi.

Ce recueil, à travers les poèmes qu’il renferme, reflète l’âme, soucieuse, de son auteur, Ali Kherbache. Il suffit de parcourir les textes de ce livre, de la bibliographie au dernier poème, pour sentir toute l’émotivité avec laquelle ils sont écrits”… (Extrait de la préface).

Les années 80 : découverte du monde artistique

Ali Kherbache est né à Ihnouchene, un village de Kabylie, dans la commune d’Azzeffoun, wilaya de Tizi-Ouzou. Issu d’une famille très modeste. Durant les années 80, il commence à découvrir le monde artistique.

“Mon début dans le monde artistique remonte aux années 1980, époque où  j’ai commencé par un passage à l’émission « chanteurs de demain», animée à l’époque, par Mohamed Rachid, (Que son âme repose au Paradis)”, dira-t-il pour retracer son parcours.

Ensuite, il a fréquenté le milieu artistique, en participant à quelques galas au niveau des salles : El Mouggar, Atlas entre autres et à quelques soirées dans les jardins et les places publiques, pendant les mois de ramadan, qu’organisait le comité des fêtes de la ville d’Alger, durant les années 1981, 82 et 83.

“Amulal”, l’homme libre…

Artistiquement, Ali Kherbache était connu sous le pseudonyme de “Amulal”. “C’est un mot amazigh qui signifie “homme libre”. Je dois ce nom d’artiste à un ami poète El Hanafi (dont le nom m’échappe). A ne pas confondre avec Si Mohamed Belhanafi (paix à son âme), que j’ai eu le privilège de connaître et de fréquenter aussi”, précise-t-il.

Les circonstances de la vie et la situation qu’a vécue l’Algérie durant les années 90 l’ont contraint à mettre de côté sa passion. “La conjoncture idéologique subie par notre pays durant les années 90, ayant mis à l’arrêt tout ce qui a un rapport avec l’art, au niveau national, j’étais obligé de subir le même sort en suspendant mes activités artistiques”, regrette-t-il.

“Aḍu n maḥyaf” est né…

Trente ans après, le digne fils d’Azzeffoun retrouve son inspiration et le goût de la créativité et revient avec son recueil de poésie. “J’ai repris le goût à l’écriture grâce à une rencontre avec un ami, poète et auteur, Mr Saïd Fellag”, avoue-t-il.

C’est dans l’atelier de poésie que ce dernier animait à la maison de la culture Tahar Djaout à Azeffoun que les deux complices se sont rencontrés, en plein pandémie de la Corona battait son plein, en 2021. Ainsi, “Aḍu n maḥyaf” est né !

A partir de ce moment, avec les encouragements de Mr Fellag, que je remercie au passage, j’ai commencé à penser sérieusement à la publication d’un recueil de poésie, en sélectionnant  quelques poèmes de mes anciennes chansons, que j’ai mariés  avec ceux que j’ai écrits récemment“, nous dira-t-il.

Un vent ethnique arrive…

“Par les poèmes de ce recueil (Aḍu n maḥyaf), qui vient d’être publié par les éditions Tamagit/Identité, en version bilingue kabyle/français, j’ai essayé de traiter divers thèmes”, précise l’auteur. Ainsi, pour permettre au large lectorat de comprendre ses textes, il a opté pour sa publication en bilingue, après les avoir traduits du kabyle, leur version originale, au français…

“Ihubb-d waḍu n maḥyaf

Tikelt-a izad-as ṛṛcem

D Amaziɣ anda ara t-yaf

Ɣar wagwens i d-as-yekcem

Di tarwa-s la yeseknaf

Nettwali-t imi yeggugem”

*** / ***

“Un vent ethnique arrive,

Cette fois dépasse les bornes.

A la recherche de l’Amazigh,

Il a franchi le seuil de sa maison,

En brûlant sa progéniture,

En le voyant, nous sommes restés bouche-bée.”

“Dépoussiérer notre culture et la maintenir vivante”

En fervent militant et amoureux de sa culture, l’auteur de “Aḍu n maḥyaf” lance un appel pour encourager le livre en invitant à la promotion de la lecture. “Je m’adresse aux personnes lettrées d’encourager la production du livre en se mettant à la lecture. Sans lecture, toute écriture est vaine et sans lecteurs le livre perd son âme”, souligne-t-il.

L’auteur est conscient et à la fois préoccupé du progrès technologique, de l’invasion de l’internet et des réseaux sociaux, une évolution qui prive les gens de la lecture du livre en papier.

“Et pourtant, rien ne peut remplacer ce contact réel et tactile avec le papier. Il est de notre devoir, en tant que communauté amazighe, de nous mettre à l’écriture et à la lecture de livres en Tamazight, si nous voulons dépoussiérer notre culture et la maintenir vivante”, conclue-t-il.

Annaris Arezki

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